Iode radioactif

L’iode et la thyroïde

L’iode est un oligo-élément essentiel pour l’organisme humain car il intervient dans le fonctionnement de la thyroïde, plus précisément, dans la fabrication des hormones thyroïdiennes (la T4 contient 4 atomes d’iode, et la T3, trois). De fait, une carence en iode peut entraîner des troubles plus ou moins graves du métabolisme. Les troubles sont d’autant plus importants que la carence est profonde et durable.

 

L’iode étant un élément opaque aux rayons X, il présente un intérêt particulier en médecine pour le diagnostic médical : l’iode stable est inclus dans des molécules servant de produits de contraste. L’iode stable entre également dans la composition de certains médicaments, notamment pour la prévention de tachycardies (amiodarone ®)
A l’état d’ion iodure, l’iode se concentre électivement, c’est-à-dire par affinité naturelle, dans les cellules de la thyroïde. C’est cette propriété de fixation dans les cellules thyroïdiennes normales, ou pathologiques, qui est mise à profit avec les isotopes radioactifs de l’iode, pour le traitement d’états pathologiques de la thyroïde (ex. hyperthyroïdie, cancers de la thyroïde, métastases de cancers de la thyroïde).

L’iode 131 est utilisé principalement en thérapie du cancer de la thyroïde. Il permet notamment de détruire les cellules thyroïdiennes restantes après ablation de la thyroïde s’il existe un risque de rechute , ou pour le traitement de métastases. Par ailleurs, dans le cas d’hyperthyroïdie résistant à un blocage médicamenteux, un traitement à l’iode 131 permet de détruire spécifiquement les cellules thyroïdiennes (on utilise alors une dose environ 20 fois moins élevée que pour un cancer de la thyroïde, ne nécessitant pas d’isolement).

L’iode radioactif

Pour détruire les cellules thyroïdiennes, on utilise leur faculté d’absorber de l’iode (ce sont les seules cellules de l’organisme qui en ont besoin) – on administre de l’iode radioactif, qui sera absorbé comme l’iode stable, mais provoquera l’inflammation et la déstruction des cellules qui l’auront absorbé (totalisation isotopique).

En outre, pendant les jours qui suivent l’administration de l’iode radioactif, on pourra également visualiser toutes les zones qui ont fixé l’iode, au moyen d’une gamma-caméra (scintigraphie corps entier).

Le traitement par l’iode radioactif, suite à un cancer de la thyroïde, a deux principaux objectifs :

  • Le traitement détruit toutes cellules thyroïdiennes (normales ou cancéreuses) et minimise le risque de récidive.  On parle aussi d »ablation, ou de totalisation isotopique.
  • La destruction de toutes les cellules thyroïdiennes normales ou cancéreuses encore présentes suite à une thyroïdectomie facilite la surveillance au moyen d’une protéine spécifique, appelée thyroglobuline (Tg),  dans l’avenir. La Tg est mesurée par les tests sanguins. Elle est fabriquée uniquement par les cellules d’origine thyroïdienne, et devrait donc être proche de zéro après une ablation totale – il suffit de la contrôler régulièrement pour s’assurer de l’absence de récidive.

Une dose de traitement par iode radioactif est habituellement de 3,7 GBq (100 mCi), mais peut varier en fonction de la grosseur et du nombre initial de tumeurs, des caractéristiques de malignité de la pathologie ainsi que d’autres facteurs de risque. Le traitement par iode radioactif peut être administré à tout moment, mais il est en général utilisé dans les six semaines à six mois après la chirurgie.

Pour que les cellules résiduelles absorbent bien l’iode radioactif qui les détruira, il faut qu’elles soient bien stimulées, par une TSH, thyréostimuline, élevée.

Pour faire augmenter la TSH, deux méthodes :

  • la « défrénation » classique : on attend 4 à 6 semaines après l’opération, sans traitement, le temps d’éliminer totalement les hormones naturelles et de faire grimper la TSH, ce qui est nécessaire pour bien stimuler les cellules éventuellement encore présentes afin qu’ils absorbent bien l’iode radioactif qui les détruira.
    Inconvénient : à cause du manque d’hormones thyroïdiennes, on est en hypothyroïdie, avec les symptômes correspondants (fatigue, tristesse …)
  • Le Thyrogen (TSH recombinante humaine) : après l’opération, on commence tout de suite le traitement substitutif aux hormones thyroïdiennes – et on peut faire la cure « quand on veut », quelques jours, quelques semaines ou même quelques mois après l’opération, en fonction de l’urgence et des disponibilités, car on injecte de la TSH les 2 jours qui précèdent la prise de la gelule, et obtient ainsi une stimulation « immédiate ».
    Avantage : comme on continue à prendre les hormones de substitution, on n’est pas en hypothyroïdie. Inconvénient : le prix relativement élevé.

Déroulement d’une « cure d’iode »

En général, l’hospitalisation, dans un service de médecine nucléaire, dure 3 à 4 jours.  Après avoir absorbé la gelule d’iode radioactif, on doit rester plusieurs jours dans une chambre particulière, pour ne pas exposer son entourage à la radiation.

A l’arrivée, on mesure la TSH : elle doit être d’au moins 30 pour que le traitement fonctionne bien. Egalement important, le taux de TG : plus il est bas, moins il reste de tissu thyroïdien à détruire.

La gélule d’iode 131 ne provoque généralement pas d’effets secondaires (parfois quelques nausées ou maux d’estomac), le plus pénible sont les symptômes de l’hypothyroïdie (si on doit faire le traitement en défrénation). S’il reste beaucoup de tissu thyroïdien, on peut avoir une sensation inflammatoire dans la gorge.

Il faut veiller à tout faire pour éliminer le plus rapidement possible tout l’iode qui n’aura pas été fixé par les cellules thyroïdiennes, resté dans les intestins : boire beaucoup, veiller à ne pas être constipé (consommer des fibres, au besoin un laxatif). Il faudra également protéger les glandes salivaires, et veiller à les « rincer » le plus rapidement possible, afin d’éviter une inflammation (elles absorbent elles aussi de l’iode, elles s’en servent pour désinfecter la salive) : rincer la bouche à l’eau citronnée, sucer des bonbons acidulés, mâcher du chewinggum.

Quelques jours après l’absorption de la gelule, on passe une « scintigraphie corps entier » : une gamma-camera passe sur et sous le corps, pour voir où l’iode est allé se fixer. Le plus souvent, on ne voit qu’une faible fixation résiduelle dans la loge thyroïdienne, ainsi qu’une fixation physiologique dans les intestins et dans la vessie – mais dans les rares cas où il existe des métastases à distance, p.ex. aux poumons, on les détectera également par cet examen.

Liens

Vidéos sur le site Bonjour Docteur : Cancer de la thyroïde : chirurgie, iode et scintigraphie

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Beate Bartès, mai 2011

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