Beate
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Posté le: 27. Jan 2005, 17:48
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Bonjour,
on vient de me poser la question par mail - comme c'est une question qui revient régulièrement et qui intéressera tous les futurs opérés, je mets ma réponse en tant qu'article FAQ !
Beate
Habituellement, après l'ablation, on attend environ 1 semaine, le temps de recevoir les résultats de l'analyse anatomo-pathologique. Le plus souvent, ils sont bons, et on commence alors le traitement substitutif (Lévothyrox en France, Synthroïd au Canada) - on calcule la dose initiale en fonction du poids du patient, entre 1,7 et 2 µg par kilo (soit p.ex. du Lévothyrox 125 pour quelqu'un qui pèse autour de 60 kg). Certains médecins recommandent de le prendre progressivement, en commençant par une faible dose (p.ex. un demi-comprimé) pendant quelques jours, mais le plus souvent on prend d'emblée la dose préscrite. On fait une analyse sanguine après 6 semaines, puis on adapte la dose en fonction de la TSH (on augmente si la TSH est trop haute, on baisse si elle est trop élevée), en tenant également compte des sensations du patient (s'il se sent sur- ou sous-dosé).
Le fait de rester 8 à 10 jours sans hormones de substitution ne provoque pas d'hypothyroïdie, car les hormones thyroïdiennes naturelles mettent plusieurs semaines à être éliminées, et les hormones synthétiques prendront tout aussi progressivement le relais. D'ailleurs, souvent, la thyroïde, pendant l'opération, sous le stress de se faire "charcuter", produit une dernière fois un grand surplus d'hormones, et on passe les premiers jours légèrement "dopé" par l'hyperthyroïdie.
Dans les cas où l'analyse a montré la présence de cellules cancéreuses, on ne commence PAS le traitement substitutif, mais enchaîne directement avec la cure d'iode *). Pour que les cellules thyroïdiennes absorbent bien l'iode radioactif qui permettra de les visualiser et de les détruire, il faut qu'elles soient stimulées par une TSH ("thyroid stimulating hormone") élevée, et on obtient cette TSH en restant environ 6 semaines sans hormones : l'hypophyse, constatant la baisse de la T4 et T3 dans le sang, produira de plus en plus de TSH pour essayer de relancer la thyroïde (car elle ne sait pas qu'on ne l'a plus). On se trouve donc en forte hypothyroïdie pendant quelques semaines (souvent, pour retarder les effets de l'hypo, on préscrit du Cynomel jusqu'à 15 jours avant la cure, c'est une hormone de type T3 qui s'élimine plus vite que la T4 du Lévothyrox).
Après la cure d'iode, on commence (souvent progressivement) le Lévothyrox, en calculant la dose comme expliqué plus haut, on refait une première analyse environ 2 mois plus tard (il faut du temps pour sortir tout à fait de l'hypo) et on ajuste le dosage (mais, contrairement aux patients sans cancer, où toutes les valeurs "dans la fourchette" sont bonnes et qu'on regarde surtout les sensations du patient, il faut obligatoirement maintenir la TSH très basse, sous 0,1, pour éviter toute stimulation des cellules éventuellement encore présentes, même si on doit pour cela accepter une légère hyperthyroïdie - cela s'appèle un "traitement freinateur").
*) Exceptionnellement, il peut arriver qu'on ne puisse pas faire la cure d'iode tout de suite (manque de place en médecine nucléaire ...). Dans ce cas, on préscrit des hormones de substitution (soit du Lévothyrox, si on doit attendre plusieurs mois, soit du Cynomel si c'est assez court), qui maintiendront les cellules éventuellement encore présentes "en hibernation" en freinant la TSH. On arrêtera le Lévothyrox 4 semaines avant la cure, le Cynomel 2 semaines avant. |
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