Beate
Inscrit le: 10.10.00 Messages: 49845Carcinome papillaire... 60+ |
Message: (p143305)
Posté le: 29. Nov 2007, 18:39
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Bonjour Carole,
elle n'est pas bête du tout, ta question !
Bien sûr, l'hyperthyroidie, surtout la "vraie" grosse hyperthyroidie (comme on peut la voir p.ex. lors d'une maladie de Basedow, avec une TSH totalement effondrée à 0,001, une T4 et T3 qui crèvent le plafond, énormement de symptômes ...) est nocive, surtout si elle dure ... car tout le métabolisme tourne en accéléré, et s'use donc plus vite ! C'est notamment dangéreux pour le coeur, qui peut s'essouffler (fibrillations auriculaires) et les os (car on perd plus de substance osseuse qu'on n'en fabrique, d'où un risque accru d'ostéoporose).
Et même une "petite" hyperthyroidie, mais qui dure longtemps, peut être nocive au long terme. C'est pour cela que même dans les cas où la TSH doit être maintenue basse, après un cancer, on recommande maintenant de seulement la "freiner", la maintenir juste en-dessous de 0,1 (p.ex. à 0,08 ou 0,09), mais pas de la "supprimer" totalement (0,001), car ça n'apporte pas de bénéfice supplémentaire et augmente les risques d'effets secondaires - et qu'on essaie d'obtenir cette TSH basse en dosant "au plus juste", l'idéal étant d'avoir la T4 et T3 encore dans les normes.
Et c'est aussi pour cela qu'on a maintenant revu les "recommandations officielles" pour le traitement substitutif, après un cancer ! On classe les patients en plusieurs catégories, en fonction du type et de la taille des carcinomes lors de l'opération, puis des résultats lors de la cure d'iode, en "very low risk", "low risk" et "high risk" - et comme on sait que pour les faibles et très faibles risques, le risque d'avoir une récidive est bien plus faible que celui de souffrir des effets secondaires de l'hyper, on accepte maintenant de "normaliser" leur TSH dès que le premier contrôle post-cure est bon (donc, entre 6 mois et un an après) ! Et pour ceux qui sont à très faible risque et n'ont même pas besoin de cure d'iode, on n'oblige même plus à garder la TSH "freinée" - il suffit qu'elle soit dans la zone basse, entre 0,4 et 1 environ.
Il n'y a que les "high risk" (un tout petit pourcentage des patients, à peine quelques pourcent) chez qui, par sécuríté, on préfère garder la TSH freinée pendant les premières 3 à 5 années (c'est là qu'on observe la majorité des récidives, s'il restait quelque chose après l'opération), et on ajuste le traitement ensuite, si tout va bien.
Dans la FAQ, il y a plusieurs articles sur ce sujet :
Le suivi du cancer "Low risk"
Nouvelles recommandations pour le suivi du cancer
Consensus européen
Quelques discussions que nous avons déjà eues :
TSH très basse suite à cancer
A propos de la TSH
Extrait du consensus européen (2006) :
Citation: | • Le traitement suppressif de la TSH (TSH sérique < 0,1mU/l) est obligatoire chez les patients ayant une maladie persistante prouvée (y compris en cas de Tg sérique détectable sans autre évidence de maladie).
Chez les patients à haut risque qui sont en rémission apparente après traitement, il est conseillé de poursuivre le traitement suppressif pendant 3-5 ans.
Chez les patients à faible risque, lorsque la guérison a été vérifiée, le risque de rechute ultérieure est faible (< 1%) et la dose de LT4 peut être diminuée immédiatement, avec comme but l’obtention d’un taux sérique de TSH dans la partie inférieure de la normale (entre 0,5 et 1,0 mU/l).
• Les effets secondaires de la thyrotoxicose infraclinique liée à la suppression de la TSH sont principalement des complications cardiaques et la perte osseuse. Les études rétrospectives ont montré que ces risques sont faibles si la dose appropriée de LT4 est soigneusement contrôlée, en évitant ainsi une élévation du taux de T4 libre et de T3 libre. Toutefois, chez les patients âgés et chez les patients avec maladie cardiaque connue, la suppression de la TSH doit être évitée. |
Donc, les risques de la "thyrotoxicose infraclinique liée à la suppression de la TSH" sont bien connus ... d'où la recommandation de "freiner aussi peu que possible" (JUSTE en-dessous de 0,1, si c'est indispensable, mais pas plus bas, et si possible en gardant une T3 et T4 normales), et de ne PAS supprimer la TSH chez les patients agés ou avec risque cardiaque connu ... et pour les "high risk", on recommande de "poursuivre le traitement suppressif pendant 3 à 5 ans" (pareil, bien sûr, pour ceux qui ont une "maladie résiduelle", avec une TG encore détectable et parfois en augmentation, où il est evident qu'il faudra la TSH la plus basse possible pour ne pas stimuler les cellules cancéreuses encore présentes).
Voilà ... de quoi discuter avec ton médecin, s'il s'obstine à vouloir "freiner" ou même "supprimer" ta TSH alors que tu es considérée comme "en rémission complète" ...
A bientôt !
Beate |
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